Jour 51 : Constituer son héritage
Commençons cet avant-dernier jour de la démarche par un petit exercice. Le continuum suivant représente votre vie, de votre naissance à votre décès. Dans un premier temps, marquez d’un point la position que vous occupez maintenant. Où vous trouvez-vous actuellement sur la ligne de votre vie ?
Naissance __________________________________________________________________ Mort
Il est évident que votre réponse est hypothétique. Tant de choses peuvent survenir ! Mais c’est votre hypothèse qui importe ici. Il importe également que vous vous rendiez compte que vous vous rapprochez inexorablement du point final de votre existence. Que cela ne vous fasse pas paniquer ! Appréciez plutôt la valeur du temps qu’il vous reste, là, à droite du point que vous venez de tracer. C’est le temps dont vous disposez pour accomplir votre mission.
Imaginez maintenant que le temps ait filé et que vous soyez déjà rendu à ce moment où vous ne serez plus, à l’extrême droite du graphique. Imaginez qu’une petite assemblée (ou une grande, c’est à vous de décider !) vous rende un dernier hommage et qu’une personne (choisissez qui ce sera, même un personnage depuis depuis longtemps disparu) s’apprête à prendre la parole. Qu’aimeriez-vous qu’elle dise de vous en ce moment solennel ? Dans votre cahier, rédigez son texte. Voici quelques pistes de réflexion.
1. Parlons des vertus
Pour quelles vertus aimeriez-vous qu’on se souvienne de vous ? Vous en avez vu six (la connaissance ou la sagesse, le courage, l’humanité, la justice, la tempérance et la transcendance) au jour 41. Choisissez celles que vous aimeriez voir figurer dans votre éloge funèbre.
Ces vertus figureraient-elles dans votre éloge funèbre si vous disparaissiez aujourd’hui ? Si ce n’est pas le cas, demandez-vous comment vous pourriez faire en sorte qu’il en soit ainsi. Rappelez-vous que le temps qu’il vous reste diminue d’une seconde à l’autre. Il est temps d’accomplir des gestes qui mettront en valeur vos vertus… Grâce à cet exercice, réalisez que le meilleur temps pour commencer à agir, c’est maintenant.
2. Parlons des vôtres
Empruntez un vocabulaire sportif et attribuez-vous un score quant à vos relations avec ceux que vous aimez. Quels souvenirs leur laisseriez-vous ? Leur avez-vous, à ce jour, offert la présence, l’écoute et l’amour dont vous aimeriez vous réclamer ?
Il est rare que, sur ce point, les gens soient en paix avec eux-mêmes. Il y a cette personne à qui on n’a pas pardonné et celle-ci à qui on n’a pas demandé pardon. Il y a cette autre personne qu’on n’a pas aidée et celle-là qu’on a écrasée. Que diraient les vôtres si vous n’étiez plus là demain ? Que pourriez-vous faire, dès aujourd’hui, pour que leurs commentaires correspondent davantage à ceux que vous aimeriez leur entendre dire ? Si vous ne vous y mettez pas bientôt, le souvenir que vous laisserez ne sera pas celui que vous aimeriez laisser…
3. Parlons de votre communauté
Avez-vous, à ce jour, donné tout ce que vous pouviez à votre communauté ? Avez-vous fait profiter vos concitoyens de vos forces, de vos talents, de vos habiletés et de votre vision ? Avez-vous donné autant que vous avez reçu ? Avez-vous osé, quand une injustice vous apparaissait évidente, prendre la parole et exiger que les torts causés soient réparés ? Vous êtes-vous manifesté quand votre présence aurait pu être bénéfique à la collectivité ? Il y a dans vos réponses à ces questions des embryons de mission, des actions à entreprendre, de mots à dire et des réclamations à adresser.
4. Parlons de vos forces
La première fois que j’ai porté mes lunettes de lecture, je me suis dit : Wow ! C’est fantastique de voir aussi bien ! » Avant cet examen de la vue, je n’avais pas pris conscience du fait que ma vue avait autant faibli. Ç’a été une révélation de retrouver ma vision d’antan.
Vous direz « Wow ! » à votre tour quand vous ferez bon usage de tout votre potentiel, quand vous mettrez de l’avant des idées dont vous n’avez jamais osé parler, quand vous réaliserez vos rêves. Ce jour-là, l’individu unique que vous êtes, doté d’un amalgame unique de forces et d’idéaux, ressentira le flow.
Vous n’en êtes pas encore au point d’orgue de votre vie, il vous reste du temps. Il suffit que vous débutiez maintenant. Vous ignorez peut-être encore à quel point le temps qu’il vous reste peut être riche et gratifiant. Et le pire dans tout cela, c’est qu’il est impossible de vous le faire savoir en mots ; vous devez vous en rendre compte vous-même.
5. Revenons à l’horloge…
Si ce qui vient d’être dit ne fait pas naître en vous le désir de vous réaliser dans les plus brefs délais, visitez ce site Web (en anglais seulement) : www.deathclock.com. Une fois dans ce site, vous répondrez aux questions (taille, poids, date de naissance, etc.). La date approximative de votre décès, si rien d’imprévu (un accident, par exemple) ne vient précipiter cet événement, sera établie ! Remarquez le compteur dans cette page Web. Il marque le nombre de secondes qu’il vous reste pour laisser un bon souvenir avant de disparaître. Le site vous offre même la possibilité d’utiliser ce nombre de secondes comme page d’accueil dans Internet.
J’ignore sur quelles bases scientifiques ce site a été conçu. D’ailleurs, peu importe : il sert simplement à vous rappeler que votre temps s’écoule et que les minutes que vous perdez aujourd’hui ne reviendront pas.
Les agents d’assurances ont l’habitude de dire que, s’il était possible d’acheter son assurance-vie au lendemain de son décès, leur chiffre d’affaires serait rapidement multiplié par dix. Dans le même ordre d’idées, s’il était possible de faire sa marque dans les dix jours suivant son décès, les actes héroïques et altruistes seraient monnaie courante. Mais il n’en va pas ainsi. Ce que vous reportez à demain n’aura peut-être jamais lieu. Cela ne vaut-il pas la peine d’y repenser avant de remettre ces gestes à plus tard ?
Les poèmes L’horloge, de Charles Beaudelaire, et Desiderata, de Max Erhman, de même que la chanson Cat’s in the cradle, de Harry Chapin, constituent de beaux textes en lien avec cette journée.