Jour 40 L’attrait de la sous-traitance 

Une tendance de plus en plus marquée consiste à confier à des sous-traitants des morceaux de sa vie. Ce thème vient clore cette section sur l’équilibre et le temps, notions sur lesquelles vous travaillez depuis le jour 35. 

Pour commencer cette journée, je vous propose un extrait du livre Pourquoi travaillez-vous? 

La réussite exige l’équilibre. Nos vies sont multidimensionnelles. Nous ne pouvons pas les réduire à une seule dimension. La personne qui devient millionnaire mais qui se retrouve seule et malade n’est pas une image de réussite. Celle qui est adulée mais qui a dû sacrifier, pour arriver à la célébrité, son équilibre mental et ses amis ne l’est pas plus. Un vie réussie est une vie équilibrée. Combien de personnes, par exemple, ne songent qu’à travailler et se rendent compte, sur le tard, qu’elles n’ont pas vu leurs enfants grandir? 

Comme le dit une publicité d’une importante compagnie d’assurances : Have You Met Life Today? Avez-vous été en contact avec la vie aujourd’hui ? Nous avons déjà traité d’équilibre au jour 38. Nous allons aujourd’hui traiter de votre propension à confier à des sous-traitants des pans de votre vie. Et nous allons nous demander : jusqu’où peut-on vider une vie de son essence avant qu’elle cesse d’être une vie ? Jusqu’où peut-on la laisser se détériorer tout en s’imaginant que ça va bien ? Peut-on stopper l’hémorragie pour retrouver une vie pleine ? Peut-on arrêter de s’imaginer que tout va bien et reprendre sa vie en main ? La réponse est oui. C’est d’ailleurs ce que vous faites depuis le début de ce livre. 

Avant de poursuivre, rendez-vous au www.alainsamson.com/Le500, cliquez sur Les rapports, 

puis, dans la section intitulée Les rapports liés au temps, cliquez sur L’attrait de la sous-traitance. Notez ici les scores. 

Votre score est de ______ sur un total possible de 30. 

La moyenne obtenue par l’ensemble des utilisateurs du site est de ______.

Si vous avez obtenu plus de 20, c’est parce que vous avez répondu par l’affirmative à des énoncés comme «C’est une firme spécialisée qui fait l’entretien de mon domicile » ou « Les garderies devraient être ouvertes les week-ends. Cela permettrait aux parents de se détendre un peu ». 

Méfiez-vous si votre résultat est élevé. ll y aura toujours des entreprises qui vous offriront plus de services. Il existe aux Etats-Unis une chaîne de garderies qui offre un service assez particulier. Au début de décembre, on fait une présentation de jouets aux enfants, et ces derniers sont invités à cocher, sur la liste qu’on leur fournit, les cadeaux de Noël qu’ils souhaitent obtenir. La garderie commande les articles et expédie la facture aux parents. Les enfants reçoivent les jouets à la garderie, au cours de la journée de garde qui précède le congé de Noël. Les parents ne se sont pas demandé quoi offrir à leurs enfants, n’ont pas fait de magasinage, n’ont pas regardé leurs tout-petits déballer leurs cadeaux. Mais, ce faisant, se sont-ils privés d’une partie importante de leur vie? Se sont-ils obligés à travailler de plus longues heures pour se priver de ce plaisir ? Est-ce sain de céder à des sous-traitants ces aspects de sa vie personnelle? Si vous travaillez davantage pour vous offrir un service qui vous prive d’un plaisir, c’est sûrement malsain. 

Remarquez qu’il existe des raisons pour lesquelles le milieu de travail est devenu un refuge où nombre de personnes se sentent mieux qu’à la maison. 

• Le besoin de rétention. Non seulement les entreprises se font-elles concurrence pour garder leurs employés, mais cette concurrence a maintenant pris pour cible la vie domestique des employés. Les organisations tentent désormais d’offrir à leurs meilleures ressources un environnement de travail (service de nettoyeur, coaching, gym privé, etc.) plus agréable que le domicile familial. Pour les employés, l’alternative est celle-ci : rester un peu plus longtemps au travail ou rentrer à la maison où de nombreuses tâches non rétribuées et peu valorisantes les attendent. 

• L’attrait des louanges. Les gens développent rapidement une dépendance aux félicitations. Si votre voisin est ébahi devant votre nouvelle voiture de luxe, vous n’aurez pas envie, l’an prochain, de vous en procurer une plus modeste qui correspondrait à vos moyens. Si on vous a félicité pour votre excellent travail du mois dernier, vous avez envie qu’on vous félicite encore ce mois-ci, quitte à ce que vous mettiez les bouchées doubles. Si vous avez reçu en décembre une prime de fin d’année, vous en voudrez encore une en décembre prochain ; si vous ne l’obtenez pas, vous le prendrez comme un échec. Les gens se retrouvent ainsi dans un cercle vicieux qui les amène à reproduire les mêmes comportements jusqu’à ce que ceux-ci finissent par offrir des rendements négatifs. 

Le leader devient un tyran. Le travailleur devient « boulotmane ». La collégialité devient concurrence. La confiance se mue en sentiment d’infaillibilité. Le courage devient de la témérité, et la loyauté envers l’organisation se transforme en une confiance aveugle en l’avenir, qui sera toujours rose pourvu que nous y mettions l’énergie nécessaire. 

■ Jean-Paul : « Si les gens savaient à quel point je frime ! Ils me félici-tent et je joue le jeu de l’entrepreneur à succès. Je travaille du matin au soir, sept jours sur sept, afin d’entretenir les symboles — grosse maison, grosse auto, meilleurs restos, etc. — qui m’attirent une cer-taine reconnaissance. Si les gens savaient à quel point c’est du chiqué et que je regrette la croissance que mon entreprise a connue ces dernières années… J’ai joué un rôle, je suis devenu prisonnier de l’image que j’ai voulu projeter. » 

ACTIVITÉ 1 Faire la liste de ses activités confiées à la sous-traitance 

Dans votre cahier, dressez la liste de toutes ces activités que vous confiez à des sous-traitants. Pour chacune d’elles, inscrivez ce qu’il vous en coûte et ce que vous en retirez. Ne vous limitez pas à la question financière ; demandez-vous aussi si cela en vaut la peine. 

ACTIVITÉ 2 Faire le point sur les moments où vous passez à côté de votre vie 

Dans votre cahier, dessinez une tarte que vous diviserez en six morceaux. Identifiez chaque morceau avec les mots suivants : carrière, santé, situation financière, implication communautaire, santé du couple, harmonie familiale. Commencez par indiquer dans chacune le pourcentage des efforts hebdomadaires que vous investissez dans cette sphère de votre vie. Soyez franc et inscrivez votre réponse même si elle avoisine le zéro. 

Inscrivez ensuite les mots «implication active » ou « abandon » dans chaque zone, selon que vous y investissez des efforts ou que vous laissez le destin prendre soin de ce pan de votre vie. 

Terminez en inscrivant quels sont vos objectifs à court, moyen et long terme pour chacun de ces six pans de votre vie. Si vous n’avez aucun objectif pour un pan donné, inscrivez « nil ». 

Je ressens toujours de la tristesse devant une personne qui se rend compte trop tard qu’elle n’a pas vu ses enfants grandir, qu’elle n’a pas entretenu son couple ou qu’elle a profité des bienfaits de la collectivité sans rien donner en retour. J’en ressens également quand je constate qu’une personne a surinvesti dans le travail pour avoir les moyens de recourir à la sous-traitance… et que finalement elle est passée à côté de sa vraie vie.

Avez-vous été en contact avec la vie aujourd’hui ? Ou vous êtes-vous contenté de travailler plus afin de pouvoir payer des gens pour qu’ils vivent à votre place ? 

Vous pouvez discuter du thème du jour en cliquant sur L’attrait de la sous-traitance dans le groupe de discussion. La lecture de l’excellent ouvrage The Paradox of Success, de John R. O’Neil, poussera votre réflexion sur ce thème.